Le surf féminin au Maroc avec Ghita

Comment tu as découvert le surf ?

J’ai grandi à Dar Bouazza, entourée de spots de surf… et pourtant, je n’ai jamais appris à surfer en étant jeune.

Je faisais du wakeboard chaque été, mais ça s’arrêtait là. J’ai vraiment découvert le surf il y a 3 ans, après une rupture assez douloureuse.

J’étais dans une période où je me posais beaucoup de questions. J’ai décidé de rentrer une semaine au Maroc, et j’ai pris un cours de surf à Dar Bouazza.

Et là, déclic total. Je me souviens encore de ce moment dans l’eau, allongée sur la planche : j’avais tout oublié. J’étais simplement dans le moment présent.

Et j’ai su que je ne lâcherais plus ça.

Que ressens-tu quand tu surfes ?

Rien que d’y penser, mon cœur s’emballe. Quand je suis sur une vague, je me sens forte, fière, libre.

Cette semaine, j’ai eu la chance d’être seule dans l’eau, tôt le matin, avec des vagues incroyables… et je me suis dit que je voulais garder cette sensation le plus longtemps possible.

Le surf, pour moi, c’est ça : des sensations fortes, et l’envie d’y retourner encore et encore.

Qu’est-ce que le surf t’a appris ?

Le surf m’a appris à identifier mes limites… et surtout à les repousser. Parfois, on a peur. On croit qu’on est arrivé·e·s au bout de ce qu’on peut faire.

Mais ce sport est tellement fort et beau qu’on a envie de se dépasser. Et on y arrive.

Il m’a fait gagner en confiance. Je me sens plus forte, plus déterminée. Et il m’apprend aussi l’humilité. Quand j’arrive sur un spot et que je vois que c’est trop gros pour moi, je l’accepte.

Je me dis : “Pas encore… mais bientôt.” Chaque chose en son temps.

Quelle place prend le surf dans ta vie ?

Toute la place… vraiment ! Parfois je me dis que j’exagère, mais parfois je me dis que le surf est arrivé dans ma vie pour une bonne raison, et que je dois le suivre.

Aujourd’hui, mes décisions tournent autour du surf : mes voyages, mes choix de vie, ma vision du futur.

Je dis souvent que je suis obsédée par le surf… mais je pense que c’est une bonne obsession !

5. Quels combats tu mènes au quotidien ?

Mon principal défi, c’est de jongler entre ma vie perso, pro, et ma passion pour le surf.

J’aime faire du sport, partager des moments avec mes proches, et progresser dans mon surf.

Mon vrai combat, c’est de trouver un équilibre entre tout ça.

Dans quel milieu social as-tu grandi ? A-t-il influencé tes choix ?

J’ai grandi dans un milieu familial classique, où l’éducation était essentielle.

J’ai eu la chance de faire mes études en France, de passer par une prépa et une école de commerce, avec l’objectif d’avoir une “belle carrière”.

Évidemment, ça a influencé mes choix. Mais aujourd’hui, même si je prends une autre direction, ma famille me soutient dans mes

projets liés au surf. Mon frère, qui surfe depuis bien plus longtemps que moi, me guide aussi beaucoup dans cette passion.

Le surf est-il onéreux pour un·e Marocain·e ?

Oui, clairement. Quand on débute, il faut investir dans une planche, une combinaison, et souvent prendre des cours pour progresser.

Et quand on devient passionné, on veut améliorer son équipement, découvrir d’autres spots, voyager… donc ça commence à chiffrer.

Pour un·e Marocain·e, ça peut être un vrai budget, surtout si on n’a pas un accès direct à la mer ou qu’on ne connaît personne dans le milieu.

Mais heureusement, il y a de plus en plus d’initiatives pour rendre le surf plus accessible :

• Des clubs locaux qui prêtent du matos ou proposent des formules abordables,

• Des coachs marocains qui adaptent leurs tarifs ou montent des groupes pour

apprendre ensemble,

• Des petites communautés de surfeur·se·s sur Instagram ou WhatsApp qui s'entraident,

échangent du matos, ou organisent des sessions.

Les Marocain·e·s sont généreux·ses, et on le voit aussi dans le surf.

Ressens-tu du sexisme à l’eau ?

Honnêtement, je ne l’ai jamais ressenti.

Ce que je ressens plus, c’est de la compétition. Le besoin de faire ses preuves sur un spot inconnu, de montrer que tu mérites ta place.

Mais je ne pense pas que ce soit lié au fait d’être une femme.

Au contraire, parfois j’ai même l’impression que les gars sont plus cools avec moi parce que je suis une fille… et franchement, ça me va très bien 😄

Y a-t-il beaucoup de femmes marocaines qui surfent ? Pourquoi ?

Non, pas encore. Dans la plupart de mes sessions, je suis la seule nana à l’eau. Mais je suis sûre qu’il y en a ailleurs, sur d’autres spots.

Je pense qu’on est plus nombreuses qu’on ne le pense. Mais qu’on a besoin qu’on parle de nous d’avantage. Qu’on se motive entre nous. Parce que j’en connais plein qui déchirent !!

Une femme qui t’inspire ?

Toutes les femmes qui surfent et qui assurent ! Je pense à une fille que j’ai croisée sur un spot qui m’intimidait un peu.

Elle m’a vue à l’écart et m’a dit : "Allez viens, on monte au pic." Ce genre de geste, ça reste.

Ce sont ces femmes-là qui m’inspirent : celles qui partagent, qui encouragent, qui créent une bonne vibe à l’eau.

Où te vois-tu dans 5 ans ?

Je rigole en disant “surfeuse pro, mais j’ai des manœuvres et des turns que je rêve de réussir !

Je veux aussi continuer à écouter mon cœur, repousser mes limites, vivre autour et grâce au surf.

Et il y a un petit projet que je prépare en ce moment… un projet qui me tient énormément à cœur, et qui va me permettre de partager encore plus cette passion.

Qu’est-ce que tu dirais à une petite fille qui hésite à se lancer dans le surf ?

Si tu hésites à te lancer… je te dirais juste : fais-le.

Même si ça fait un peu peur au début, même si tu te dis que ce n’est pas pour toi. Essaie. Parce qu’au pire… ? Et au mieux… ça changera ta vie.

Le surf, c’est bien plus qu’un sport: c’est une sensation, une énergie, un truc que tu ressens profondément. Et je te souhaite de vivre ça.

D’ailleurs, moi, j’aurais aimé qu’on me pousse à surfer plus jeune. Je me demande parfois où j’en serais aujourd’hui si j’avais commencé plus tôt.

Quelle place a le Maroc dans ta passion pour le surf ?

Je me dis souvent que j’ai une chance incroyable : que le surf ait croisé mon chemin, et que je sois marocaine.

Franchement, le Maroc, c’est un paradis pour les surfeurs.

On a des vagues magnifiques, une côte immense, des spots pour tous les niveaux.

J’ai commencé à Dar Bouazza, mais il me reste encore tellement de spots à découvrir… rien que d’y penser, mon cœur s’emballe.

Et à chaque nouveau spot que je découvre ici, je me dis : "Waouh, quelle chance on a."

Je pense que ma passion pour le surf ne fait que grandir quand je pense à mon pays.

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